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Le logement accompagné dans la politique Logement d’Abord

A l’occasion de la semaine du logement accompagné, nous avons interviewé Céline Herbain, cheffe de projet Logement d’abord, au sein de la direction Habitat de la Métropole Européenne de Lille. Elle témoigne de la dynamique du Logement d’abord sur le territoire de la Métropole Européenne de Lille et du rôle qu’y jouent les acteurs du logement accompagné, dont Aréli.

 En 2018, la MEL a présenté une candidature partenariale à l’appel à manifestation d’intérêt « Logement d’abord ». Pourquoi ?

Céline Herbain : Cet engagement collectif s’explique d’abord par le constat partagé d’une situation de grande précarité à l’échelle de la métropole. Ce constat, que nous partagions déjà en 2018, a été confirmé par une étude de l’Observatoire social, animé par l’Agence de développement et d’urbanisme. En mars 2020, on dénombrait 1 800 ménages à la rue sur le territoire, et 8 022 personnes en structures d’hébergement.

Cet engagement est également lié à notre volonté de conforter la dynamique et les initiatives engagées depuis plus d’une dizaine d’années maintenant pour assurer la réalité du « Droit au logement ».

Rappelez-nous les principes clés de la politique du Logement d’abord

CH : La politique du « Logement d’abord » présuppose que le premier besoin des personnes sans domicile est d’avoir un foyer, et que les difficultés qu’elles peuvent rencontrer en matière de santé ou d’activité ne sont pas des préalables à résoudre avant d’accéder à un logement. Elle pose donc le principe de l’accès à un logement pérenne sans obligation préalable d’une démarche d’insertion sociale et d’un parcours d’hébergement diversifié. Ceci à la condition essentielle que l’accompagnement soit alors global et personnalisé.

Le plan national global déployé sur la période 2018/2022 vise à accélérer la production de logements abordables, rendre plus fluide le passage entre les dispositifs d’hébergement et le logement, accompagner les personnes dans l’accès et le maintien dans le logement. Et surtout cette politique s’adapte aux enjeux locaux, avec les territoires de mise en œuvre accélérée, dont fait partie le territoire de la MEL.

Et quels sont les principaux axes du plan d’actions sur le territoire de la MEL ?

CH : Mobiliser une offre de logements abordables dans les parcs social et privé ; favoriser l’accès direct au logement des ménages sans-domicile et prévenir les situations à risque en personnalisant l’accompagnement ; développer l’accès aux droits. C’est la feuille de route 2019-2022 que s’est fixé le Comité de pilotage « Logement d’abord », qui réunit partenaires institutionnels et associatifs.

Notre angle de travail est bien celui de l’action (pour les personnes sans-domicile) et de la prévention (pour les personnes vulnérables vis-à-vis du logement). Cela nous conduit à intervenir de façon transversale sur de nombreux sujets et leviers.

Je précise par ailleurs que la feuille de route métropolitaine s’inscrit dans le cadre plus large du PDALHPD et du prochain PLH 3 (en cours d’élaboration).

Quels sont les premiers résultats en 2020 ?

CH : Différents chantiers ont donc été engagés, tous ne relèvent pas du pilotage de la MEL, la feuille de route est bien une démarche partagée. Chacun des partenaires agit selon ses compétences ou missions pour accélérer la dynamique « Logement d’abord » sur le territoire.

En matière d’attribution, les derniers chiffres montrent que la mobilisation des partenaires du PDALHPD et du CCT en particulier ont permis d’atteindre les objectifs fixés en matière d’accès au logement des publics prioritaires et notamment pour les ménages sortants d’hébergement. Leur part dans le total des attributions est en progression.

Sur le champ de l’offre, la MEL poursuit ses engagements dans le cadre du PLH avec la production neuve de plus de 2 000 logements sociaux et très sociaux et travaille, en particulier, avec l’ensemble des bailleurs pour relancer la production de PLAI-A en nette diminution depuis plusieurs années. Par ailleurs, nous recherchons en lien avec l’Etat à mobiliser plus fortement le parc privé à des fins sociales à travers une plus grande sensibilisation des propriétaires solidaires et le déploiement de l’Intermédiation locative.  Enfin, il est aussi essentiel de poursuivre le développement des « logements accompagnés » en particulier les projets de pension de famille et de résidence d’accueil (155 places en projet à horizon 2022 suite à l’AAP DDCS).

En matière d’accompagnement, nous souhaitons conforter l’existant à trois niveaux : l’évolution et l’articulation des dispositifs existants, la coordination de l’accompagnement global (en confortant en lien avec l’Etat et la CMAO, le rôle du SIAO en tant que plateforme opérationnelle sur ce champs pluridisciplinaire), et enfin le soutien aux actions innovantes. Dans le cadre de l’AMI « Logement d’abord » et de la contractualisation stratégie pauvreté, nous accompagnons 8 actions, qui touchent par exemple à la prévention des expulsions,  au maintien dans le logement de personnes touchés par des troubles psychiques ou à l’accès durable au logement des jeunes.

Comment les acteurs du logement accompagné, à l’image d’Aréli, contribuent-ils concrètement à la démarche et aux résultats ?

CH : En tant qu’acteur du logement accompagné, Aréli est associé au Comité de Pilotage Logement d’abord. Aréli est un acteur mobilisé dans le développement d’une offre adaptée et diversifiée pour tout type de public en difficulté. Les résidences sociales issues de la transformation des foyers de travailleurs migrants il y a quelques années ont permis d’expérimenter des réponses de prise en charge améliorée. Par exemple, au sein de la résidence sociale Henri Convain, à Lille, Aréli a été moteur dans la mutualisation des aides à la perte d’autonomie en créant un Espace de Vie Adapté (EVA) pour les résidents âgés issus de l’immigration.

Pour les plus jeunes publics, comme les jeunes travailleurs, Aréli a repris en gestion sa 1ère Résidence Jeunes Travailleurs dans le Vieux Lille en en poursuivant le projet social tout en l’adaptant à ses process et en menant une évaluation de fond sur le fonctionnement de la structure dans le cadre du renouvellement des agréments. En développant des pensions de famille (par exemple rue d’Arras à Lille) ou en se positionnant sur la création de résidence accueil (par exemple à Hellemmes), Aréli contribue activement à parfaire la réponse aux besoins sur la métropole en innovant et en repensant les modes de faire.

Quels sont les apports des acteurs du logement accompagné en tant que partenaires de la démarche ? 

CH : Les acteurs du logement accompagné ont une très bonne connaissance des enjeux sociaux des territoires. C’est un atout, car les opérateurs qui essaient de s’implanter à grands renforts de projets mais sans étude de besoins étayée ne permettent pas des réponses adaptées dans le temps. Leur connaissance des institutions compétentes et de leurs attentes (équilibre territorial, diversification, etc.) est également fondamentale pour mener à bien les projets de création de places en hébergement et habitat adapté.

Par ailleurs, ils contribuent à offrir une diversité de l’offre de logement qui sera un facteur clé de la réussite de la politique « Logement d’abord ». En effet, la dynamique « Logement d’abord » pourrait être réduite à l’accès plus direct au logement ordinaire, mais les besoins des ménages sont en fait très divers et évoluent dans le temps. Pour certains le souhait est d’accéder à un logement accompagné, plus rassurant et adapté à leurs besoins.