Les résidences
L’Espace de vie adapté de la résidence Henri Convain : une innovation qui change la vie !
24 mars 2016
En mettant en service l’Espace de vie adapté (EVA) de la résidence sociale Henri Convain, à Fives, Aréli a proposé une réponse innovante à la problématique du logement des personnes âgées immigrées et précaires. Le bilan tiré d’une première année de fonctionnement justifie les espérances de ses concepteurs et financeurs (Carsat et Conseil Départemental du Nord notamment). L’EVA est maintenant regardé comme un modèle à suivre (lire ci-dessous, à ce propos, l’interview de Mylène Tanda, chargée de mission à la direction de l’action sociale de la Cnav).
Un lieu et des services
« L’objectif de l’EVA est double : faciliter l’autonomie de la personne par l’adaptation du bâti, et faciliter son accès aux différentes aides au maintien à domicile, par un accompagnement tout aussi adapté », résume Fathia Besbas, responsable du service social d’Aréli.
L’EVA se trouve au second étage du bâtiment, pour préserver la tranquillité de 22 résidants âgés. On y accède par un ascenseur de grande dimension. Un large couloir, équipé de mains courantes, dessert les logements – huit chambres individuelles dans deux appartements partagés (cuisine, salle de bain et sanitaires communs), et quatorze studios, partageant par deux WC et salle de bain adaptés aux personnes à mobilité réduite – et un salon commun, où peuvent se réunir six à sept personnes. Les résidants de l’EVA peuvent en outre bénéficier de la laverie et de la salle d’activités de la résidence sociale. Tout semble comme neuf. N’étaient les parfums épicés qui s’échappent de certains appartements, on croirait encore sentir la peinture fraîche.
L’EVA a accueilli vingt-six résidants entre le 1er décembre 2014, date de sa mise en service, et le 31 décembre 2015. Il a enregistré sept départs pendant cette première année : changement de lieu de résidence, retour au pays, décès… Aujourd’hui, vingt personnes y vivent, dont deux femmes. Âgés de 58 à plus de 90 ans, ils sont originaires d’Algérie, du Maroc, d’Afrique subsaharienne, de France… Leurs ressources modestes, leurs méconnaissances des aides existantes, et surtout leur difficulté à solliciter ces aides ne leur auraient pas permis de couler leur retraite dans un tel confort. C’est là qu’intervient l’innovation qui signe la réussite de l’EVA. Elle tient en un mot : la mutualisation.
La mutualisation, une innovation payante
« Nous étions confrontés au problème de l’accès des personnes âgées immigrées à un lieu de vie pour leur retraite, rappelle Valérie Staes, coordinatrice du réseau Vieillesses Plurielles géré par Aréli. Nous devions lever des freins financiers et culturels qui les empêchent d’intégrer les structures existantes, comme les Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Nous avons imaginé de mutualiser certains services et les aides au maintien à domicile. »
Aréli a signé une convention de partenariat avec l’Adar, association d’aide à domicile de la métropole lilloise. Sébastien, Jacques et Malika, auxiliaires de vie de l’Adar, interviennent à l’EVA. Selon les besoins individuels dûment évalués de chaque résidant, ils assurent le ménage de l’appartement, une aide aux courses, à la lessive (les aides plus personnelles, comme l’aide à l’habillage ou à la toilette, ne sont pas mutualisables). Le repas collectif hebdomadaire, que cuisine Malika (et finance la Carsat), remporte un grand succès. Aréli règle à l’Adar une facture mensuelle globale grâce aux aides correspondantes qu’elle perçoit directement (Carsat). La particularité de ce projet est qu’il n’y a pas de reste à charge concernant ces prestations de maintien à domicile pour les personnes.
La mutualisation a permis d’économiser une vingtaine d’heures de prestation par mois. L’économie réalisée finance en partie la présence d’un coordinateur, Jean-Pierre Roose, infirmier de formation et détaché dans le cadre d’une prestation de sous-traitance auprès de Delta Lille. « Mon rôle consiste d’abord à prendre des nouvelles des résidants, explique Jean-Pierre. Ils ont appris à me connaître et me parlent plus facilement de leur santé ou de leurs préoccupations quotidiennes. Je veille ainsi à leur parcours de soins : visite de médecin, hospitalisation… Dans le salon de l’étage, je propose des animations collectives : atelier mémoire, prévention diabète, jeux de société ou simple discussion sur l’actualité autour d’un café. » Pour ces animations, qui visent à maintenir du lien social entre les résidants, l’EVA fait aussi appel à l’association Génération et cultures. Quentin, animateur, vient chaque semaine pour des rendez-vous ouverts à l’ensemble des habitants de la résidence sociale. L’équipe sociale du site (travailleur social et coordinatrice santé) ainsi que Jean-Pierre, l’infirmier coordinateur, ont réalisé plus de 750 interventions individuelles auprès des résidants de l’EVA en 2015 principalement sur des thématiques liées à l’accès aux droits et à la santé.